“La méthode agile, oui mais attention : ce n’est pas pour tout le monde !” Cette phrase me fait frissonner.
Tout d’abord parce que ce n’est pas très français, on devrait plutôt dire « la méthode DE Gilles », oui parce qu’on ne sait toujours pas qui est ce Gilles.
Ensuite, parce que je ne sais pas qui a dit que cette méthode, si cela en est une, serait réservée à certains, et que les autres, manque de chance, n’auront qu’à se débrouiller autrement.
Au fond, qu’est-ce que la “méthode” agile ? Parce que ce n’est pas une méthode. Être agile, ça ne s’apprend pas avec une méthode, dans un livre, ça se pratique, ça se cultive tous les jours. On a tous besoin d’y prêter attention, surtout avec toutes les mauvaises habitudes professionnelles (et personnelles) que nous prenons ou avons prises.
Une culture avant tout
L’agile n’est pas simplement une méthode, c’est une culture qui se comprend :
- En lisant le manifeste (4 principes fondateurs et 12 principes sous jacent). Si ça c’est une méthode
- En pratiquant ces principes quotidiennement
Vous pouvez lire le manifeste ici.
Petit rappel de ses 4 principes fondateurs :
- Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils,
- Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive,
- La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle,
- L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.
Le manifeste a été écrit en 2001 par des tech en effet, et on se rend bien compte aujourd’hui qu’il ne peut rester dans les équipes techniques. Le risque avéré est d’avoir rapidement un décalage et une incompréhension entre les équipes « Métier » et les équipes « Techniques ».
C’est toute la chaîne de valeur qui doit être embarquée : du client au manager, en passant par les directeurs et toute forme de management jusqu’aux équipes de réalisation, de relation client, de support client et j’en oublie.
Le monde évolue aujourd’hui dans un contexte Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu (VUCA), nous devons nous adapter rapidement.
Pour répondre à cette environnement VUCA nous devons collaborer, casser les silos, penser simple et par petits bouts, être transparents, apprendre à faire confiance, accepter les changements pour en faire des opportunités, et j’en passe. Dans le cas contraire, les entreprises ne pourront pas répondre à des environnements de plus en plus instables où il est fréquemment difficile de voir clair au delà d’un trimestre.
Le monde dans lequel nous vivons change et vite, de plus en plus vite. Nous ne connaissons pas les nouveaux métiers que nos enfants exerceront demain. Le monde change plus vite que le temps qu’il faut aux organisations et aux femmes et hommes qui les composent, à se décider à changer.
Évoluer plutôt que déformer
L’Agile de 2001 est sans doute aujourd’hui dépassé, dépassé parce que nous devons le dépasser, parce que nous l’avons dépassé et que maintenant c’est toute l’organisation qui évolue, pas seulement les instances de réalisation.
Et le manifeste évolue, et se traduit par l’émergence du « Modern Agile » consultable ici.
Il est défini par quatre principes directeurs :
- Rendre les gens géniaux
- Faire de la sécurité un préalable
- Expérimenter et apprendre rapidement
- Offrir de la valeur continuellement
L’Agile n’est peut être pas le mot que vous souhaitez entendre, agile n’est peut être plus le « bon » mot pour décrire l’impact et la nécessité que nous avons tous à changer pour survivre. Agile est probablement devenu un mot valise (je préfèrerai dire « Parapluie » – vous pouvez taper “agile umbrella” dans votre moteur de recherche préféré), au même titre que « bienveillance ». Ce mot est détourné et déformé comme nous avons pu le faire par le passé avec les mauvaises applications du Waterfall que le Cycle en V améliore, ou encore du Lean. Probablement parce que c’est en faisant plus de la même chose que l’on obtient plus du même résultat. Parce qu’en copiant ce que nous ne comprenons pas, nous tombons dans le piège du Culte du Cargo (En savoir plus ici ou là).
Appelez l’agilité comme vous voulez, mais les fondamentaux sont là. Retenez que ce n’est pas une méthode et que ce n’est pas plus réservé à une seule strate de l’organisation.
Si vous n’êtes pas d’accord avec cette vision je vous invite à échanger dans les commentaires.
Si vous pensez que je suis un peu trop généraliste, je vous invite à ajouter des compléments dans les commentaires.
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Crédit photo : César Henrique de Santis Nascimento