Agilité à l’échelle : 5 méthodologies à connaître

Passer à la méthode Agile offre de nombreux avantages. Il existe une variété de méthodes agiles influant sur la productivité et la réactivité des équipes. Ces process accroissent également l’engagement des collaborateurs tout en réduisant les cycles de développement des produits demandés par le client. Les entreprises se tournent majoritairement vers une méthodologie d’agilité répondant à leurs besoins. Pour une meilleure gestion de leur projet, les entreprises peuvent choisir entre diverses pratiques agiles. Il existe notamment 5 modèles qui sont très utilisés pour améliorer le travail des collaborateurs et assurer une meilleure transition vers une culture agile. 

1. La méthode SAFe, ou Scaled Agile Framework 
2. La méthode Scrum of Scrums (SoS)
3. Le “modèle” Spotify
4. La méthode Large Scale Scrum (LeSS)
5. La méthode Disciplined Agile Delivery (DAD)
6. Et si vous créez votre propre framework agile ? 

1. La méthode SAFe, ou Scaled Agile Framework : , ce qu’il faut savoir 

En matière d’agilité à l’échelle (Agile at Scale en anglais), la méthode SAFe est la plus populaire. Comme l’indique la 14ᵉ édition du rapport The State of Agile, elle est très utilisée par les entreprises du CAC 40. La méthode SAFe encourage une agilité transversale entre plusieurs équipes cross-fonctionnelles, concernées par le développement d’un produit. Elle offre divers avantages, dont une solution clé en mains pour faciliter le travail au sein d’une organisation pour le développement d’un projet ou d’une stratégie répondant aux attentes du client. Pour la bonne application de cette méthode d’agilité, un cadre spécifique réunissant tous les collaborateurs de l’organisation est nécessaire. Ils œuvrent autour d’objectifs communs et partagés par tous. La méthodologie SAFe est parfaite pour une entreprise comptant 50 à 125 personnes. 

La méthode SAFe se distingue des autres frameworks d’agilité à l’échelle. Elle nécessite une modification de la culture d’entreprise afin d’impliquer davantage les managers. Cette mesure dans l’Agile at Scale offre une forte impulsion à tous les projets de développement. En effet, la méthode recommande l’alimentation d’un backlog produit, géré par un Product Manager. Ce dernier assure l’alignement des projets de développement avec la stratégie globale de l’organisation. Elle préconise une mise à jour et une priorisation constante de ce backlog pour s’adapter de façon continue à la stratégie et aux besoins du client. 

Malgré ses avantages, le modèle SAFe est parfois critiqué pour son approche jugé « top-down ». En effet, les détracteurs de cette méthode d’agilité estiment que le découpage de la vision stratégique en objectifs opérationnels laisse peu de place à l’autonomie des équipes et à la personnalisation des missions. 

2. La méthode Scrum of Scrums (SoS) pour plus de possibilités

La méthode SoS théorisée par Jeff Sutherland, co-créateur de Scrum est une mise à l’échelle du Scrum par le Scrum. Elle permet l’alignement de plusieurs équipes agiles grâce à la mise en place du Daily Release. En termes de popularité, le Scrum of Scrums se classe juste derrière le framework SAFe. 

Dans une entreprise, le respect du délai de livraison demandé par le client est capital. Cet impératif conditionne le travail des équipes et le développement du projet ou de la stratégie demandée. Chaque personne aura alors sa place et une organisation doit être mise en place. L’équipe en charge du projet doit préparer un sprint avec le Product Owner. Le sprint est une réunion de préparation durant laquelle le product backlog sera mis en place. Il s’agit d’une liste des tâches relatives au développement du projet ou de la stratégie et qui sera dispatchée à chaque collaborateur.

Outre le sprint, un Daily Release doit également être organisé tous les deux jours. Il réunit seulement les ambassadeurs de chaque équipe. Il peut être conduit par un Scrum Master qui va s’assurer de son bon fonctionnement et faire circuler les tours de parole. Il permet de coordonner les équipes, d’échanger sur l’avancée du projet et des potentiels points bloquants. Étant reconduit tous les deux jours, un des principaux objectifs est de comparer la situation actuelle avec la situation du Daily Release précédent. 

En plus du Daily Release, un “comité Product Owner” est organisé toutes les semaines pour assurer une bonne coordination entre tous les PO.

3. Le “modèle” Spotify comme exemple

Parmi les méthodes agiles existantes, celle adoptée par la plateforme Spotify est une référence. Très apprécié par le client pour la variété de culture musicale qu’il offre, ce produit suédois a établi sa propre stratégie d’Agile at Scale ou d’agilité à l’échelle. L’entreprise suédoise a mis en place un cadre spécifique offrant de nombreux avantages. La méthode agile dégagée s’est taillée une place importante dans le monde des processus agiles.

Pour faire face à sa croissance fulgurante, Spotify est passé de la méthode Scrum à un modèle de développement “maison” s’adaptant à ses équipes techniques dispersées sur plusieurs continents. Plutôt que de brider ses collaborateurs et son innovation en adoptant à la lettre une méthode prédéfinie, l’entreprise a fait le choix de créer son propre modèle en tenant compte de son contexte particulier. 

Garantissant un fonctionnement souple pouvant s’adapter aux changements structurels de l’entreprise, le modèle Spotify repose principalement sur les éléments suivants : 

• Squads : équipes pluridisciplinaires et autonomes de 5 à 10 personnes organisées en fonctionnalités ou périmètre et orientées par un Product Owner.
• Tribes : regroupements de personnes de squads différentes autour du même objectif fonctionnel ou technique (80 personnes maximum).
• Chapters : regroupements de personnes partageant les mêmes compétences, managées par un coach chargé de leur développement RH.
• Guild : regroupements de personnes souhaitant travailler autour d’un objectif sortant de leur tribe d’origine. De cette façon, les personnes collaborent volontairement et choisissent les compétences qu’elles veulent développer.

Il est important de préciser que le modèle Spotify ne s’oppose pas aux frameworks précédemment évoqués. En effet, il s’agit d’un modèle organisationnel fixe qui laisse aux équipes le choix du modèle opérationnel : Scrum, Less, SOS, SAFe… Ces derniers peuvent donc compléter la stratégie agile d’une entreprise utilisant la méthode Spotify. 

4. La méthode Large Scale Scrum (LeSS), un cadre plus étendu

S’inspirant de la méthode Scrum, la méthode LeSS repose sur un fonctionnement multi-équipes, au lieu de se concentrer seulement sur une seule équipe. L’organisation suit des règles d’organisation s’appliquant à plusieurs équipes Scrum autour d’un même produit. 

Un unique Product Owner pilote l’ensemble des équipes et est garant de “cérémonies” pour s’assurer de l’engagement de tous et de la livraison du produit :

• Sprint planning 1 : Le Product Owner élabore un Sprint Planning avec l’ensemble des équipes, représentées par un ou deux ambassadeurs. Chaque équipe est autonome pour organiser ses tâches techniques et se répartir les users stories.
• Sprint planning 2 : Quand le Sprint Planning 1 est terminé, les équipes devant travailler ensemble sur des fonctionnalités, correspondant aux users stories, créent ensuite le Sprint Planning 2. 
• Daily Sprint : Ce point quotidien permet aux membres de l’équipe de partager à tous  l’avancement et les points de blocage du projet.
• Sprint Review : Le Product Owner réunit toutes les parties prenantes (équipes opérationnelles, managers et clients) pour présenter le travail réalisé et discuter de potentielles évolutions et pistes d’améliorations
• Sprint Retrospective : Ce point permet de discuter de l’environnement de travail du sprint passé afin d’améliorer la productivité des futurs sprints. Il insiste particulièrement sur la qualité des interactions intra-équipes, le bien-être, la motivation….  Le Product Owner n’assiste pas à ce point.

Pour en savoir plus sur les Sprint Plannings, reportez-vous à cet article : « De l’idée au Sprint Planning : petit guide du facilitateur ».

5. La méthode Disciplined Agile Delivery (DAD) pour une livraison plus rapide

Développé par IBM, le framework DAD fluidifie et simplifie les processus de décision en s’appuyant sur des concepts itératifs pour répondre aux besoins des organisations dans leur processus de livraisons. Il s’agit d’une approche hybride qui s’inspire de différentes méthodes agiles : Scrum, Kanban, Agile Modeling, XP…

Cette méthode repose notamment sur l’instauration de deux types de rôles pour les collaborateurs : 

• Primaires : personnes dont les compétences sont nécessaires et obligatoires pour un projet. Parmi les rôles primaires, on compte les stakeholders, les membres des équipes de développement, les leaders de ces mêmes équipes, les product owners et les architecture owners. 
• Secondaires : personnes dont la fonction est transversale et intervenant ponctuellement durant le projet selon les besoins.

Cette méthode possède également un cycle de développement qui lui est propre, composée de 3 phases :

1. Inception : lancement du projet avec la constitution de l’équipe et d’une vision commune, alignée sur la stratégie globale de l’entreprise.
2. Construction : l’équipe produit la solution en mettant à contribution différents outils agiles.
3. Transition : une fois la solution prête, l’équipe planifie à ce moment la stratégie de déploiement.

6. Et si vous créez votre propre framework agile ? 

Maintenant que vous connaissez les caractéristiques des méthodes d’agilité à l’échelle les plus populaires, vous vous demandez peut-être laquelle correspond le plus à votre organisation. Mais comme le suggèrent beaucoup d’experts de l’agilité à l’échelle, les méthodes agiles sont des outils, non des solutions et existent avant tout pour soutenir votre projet. 

“Être agile n’est pas une solution unique et ce n’est surtout pas le but ultime.”

Henrik Kniberg, Coach Agile et Lean à l’origine de la méthode Spotify

Pour devenir agiles, les organisations ne doivent pas se focaliser uniquement sur l’application d’un framework. Cette vision erronée de la transformation agile est d’ailleurs souvent l’une des causes de son échec dans beaucoup de cas. Trop d’organisations se concentrent sur les méthodologies et pas assez sur l’importance de la culture. Toutefois, pour une transformation agile réussie, l’engagement des collaborateurs et la mise en place d’une vision stratégique claire est nécessaire.

Les méthodologies agiles doivent être considérées comme des cadres correspondant à un certain contexte et à un fonctionnement particulier. Chaque organisation est différente et évolue dans le temps. Une méthode agile peut donc être efficace sur une certaine période. Plus tard, elle sera inutile à cause des modifications engendrées par la stratégie adoptée.

Pour réussir votre transformation d’agilité à l’échelle, nous vous conseillons plutôt d’adopter une démarche progressive et adaptée à votre secteur, à votre contexte, à vos équipes et aux process déjà existants. Pour trouver le modèle agile qui vous convient, vous devrez essayer plusieurs frameworks avant de trouver la bonne procédure.

Enfin, pensez également à long terme. Beaucoup de transformations agiles sont motivées par des résultats matériels et court-termistes, tels que l’augmentation de la productivité et la volonté d’afficher des résultats commerciaux immédiats. Cependant, prendre en compte des éléments comme l’engagement des collaborateurs, leur fidélisation ou encore l’image de marque participent pleinement à la réussite des projets de transformation agiles. 

Se transformer est un processus continu, prenez donc le temps de vous inspirer des différentes méthodes agiles existantes pour construire celle à votre image ! 

En résumé :