La plupart des métiers qui seront les plus recherchés en 2030 n’existent pas encore, annoncent des études de Dell et EY. Et si la période étrange que nous vivons, scandée de confinements et reconfinements, était une occasion en or pour faire une pause et réfléchir à ce qui manque à nos talents pour préparer demain ? L’heure est à l’acquisition de hard skills pour internaliser les savoirs, mais aussi aux compétences comportementales, ou soft skills. L’entreprise cognitive, sa culture d’apprentissage et ses outils d’upskilling ont de bons jours devant eux.
Qu’est-ce qu’une organisation apprenante ?
Si vous avez récemment essayé d’embaucher un data scientist, vous savez que la guerre des talents ne s’apaise pas, bien au contraire. Même lorsque le recrutement s’avère plus facile, il reste coûteux et chronophage. Mieux vaut commencer par identifier, fidéliser et faire grandir vos talents. D’autant plus qu’ils n’attendent que cela ! « Les meilleurs employeurs savent qu’il est important de placer le développement professionnel de leurs collaborateurs au cœur de la politique de l’entreprise », affirme Robert Half France. « Pourquoi ? Parce que c’est ce que leurs salariés attendent. »
L’apprentissage continu, ou upskilling, répond à cette attente tout en renforçant la marque employeur. Il permet non seulement de retenir les collaborateurs les plus performants, mais aussi d’en attirer de nouveaux. L’investissement dans la formation et le développement personnel contribue à nourrir un vivier de talents engagés et aux compétences adéquates. Ce dernier point, essentiel à la performance de l’entreprise, n’est pas anodin : un collaborateur sur cinq dans le monde occuperait un poste pour lequel il n’est ni motivé, ni engagé, ni productif, selon Right Management (groupe Manpower).
Le monde du travail de demain réclame de nouvelles compétences
Le Forum économique mondial en appelle à une révolution des compétences, rien de moins. Selon ses estimations, plus d’un milliard de personnes doivent acquérir de nouvelles compétences d’ici 2030 pour exercer les métiers de demain. L’enjeu est triple : pour la société, qui y gagne en mobilité ; pour l’entreprise, qui fidélise et renforce l’engagement des collaborateurs ; et pour le collaborateur lui-même, qui renforce son employabilité. Tout le monde y gagne !
Les directions des ressources humaines l’ont bien compris. À l’heure du changement permanent, de la digitalisation et des mutations accélérées par la crise sanitaire, développer une culture de l’apprentissage devient prioritaire. Bienvenue dans l’ère des organisations apprenantes, où « les salariés sont souvent polyvalents, participent activement à l’élaboration des objectifs avec la hiérarchie, apprennent en continu et disposent d’une forte autonomie », explique France Stratégie. Le bénéfice final étant « une meilleure qualité de travail ».
À l’époque de la disruption permanente (qui sera le prochain Uber, le nouveau Netflix ?), renouveler les compétences des équipes prend une acuité singulière. « La durée de vie et la pertinence d’un grand nombre de compétences diminuent constamment », souligne IBM. « L’entreprise cognitive doit donc créer une culture et un ensemble d’approches d’apprentissage continu : une culture qui valorise la propension à apprendre ».
Selon LinkedIn, les compétences techniques les plus recherchées en 2020 sont la blockchain, le cloud computing, le raisonnement analytique, l’intelligence artificielle et la conception UX. Mais ce que les employeurs recherchent de plus en plus sont les soft skills, ces compétences comportementales et interpersonnelles à la croisée de l’intelligence émotionnelle et relationnelle. Toujours d’après LinkedIn, les plus prisées sont la créativité, l’esprit d’équipe, la persuasion, l’adaptabilité et l’intelligence émotionnelle – des savoir-êtres hautement compatibles avec l’impératif d’innovation et la transformation agile des entreprises.
Des managers-coaches pour pérenniser la culture d’apprentissage
Vous vous en doutez, les managers seront la clé de voûte de la mise en place d’une culture d’apprentissage continu dans votre organisation. Ce sont eux qui soutiennent l’intérêt et les pratiques des collaborateurs, qui les accompagnent sur la durée, les encouragent par une communication régulière et valorisent les attitudes – curiosité, bienveillance – favorables à l’apprentissage. Dans les entreprises où la culture agile est en place, les managers sont déjà familiers de ce rôle de coach.
Certaines entreprises vont jusqu’à transformer leurs leaders en coachs, capables de guider leurs équipes sur la voie d’une culture d’apprentissage. Les managers peuvent d’ailleurs y trouver leur compte et se laisser griser par « le challenge de trouver des solutions, de faire évoluer l’équipe, de travailler ensemble sur un objectif, sur le terrain, psychologiquement », comme en témoigne un coach sportif interrogé par Wemanity.
Connaissez-vous la Weniversity ? En créant avec ses partenaires un environnement d’apprentissage adapté, le centre de formation de Wemanity, la Weniversity, développe le capital humain des entreprises en pleine mutation.
Ressources humaines : la boîte à outils de l’upskilling
Les RH ont un rôle clé dans le développement d’un nouveau référentiel de compétences et la mise à disposition des services et produits adéquats. Dans ce contexte, les approches ponctuelles et top down de la formation sont à repenser. Les collaborateurs comprennent que leur survie professionnelle dépendra de plus en plus de leur capacité d’auto-apprentissage, et ce tout au long de leur carrière. Si vous jouez un rôle dans la stratégie de formation de votre organisation, vous avez probablement déjà regardé où résident les opportunités d’upskilling tout au long du parcours collaborateur. Des étapes charnières telles que l’onboarding ou une promotion sont particulièrement propices à l’acquisition de nouvelles compétences, et notamment de soft skills.
De nombreuses technologies et formations facilitent un apprentissage à la demande, à la carte et au rythme voulu. Elles permettent aussi de diversifier les pratiques de formation sur ou hors du lieu de travail, telles que l’apprentissage hybride, ou blended learning, mixant présentiel et distanciel. Les formats s’adaptent aux préférences des collaborateurs : un MOOC académique pour certains, du microlearning progressif pour d’autres. La personnalisation des parcours de formation développés sur mesure par des experts est gage de satisfaction pour toutes les parties prenantes.
Introduire durablement l’auto-apprentissage dans la culture de l’entreprise commence par une formation pour apprendre à apprendre. Prévoyez également des temps et des lieux propices – journées pour se développer, rendez-vous de coaching ou de mentorat, espaces de créativité et d’intelligence collective, lieux dédiés à la concentration…
La formation entre pairs est probablement l’une des méthodes d’upskilling les plus efficaces et enthousiasmantes pour ceux qui y prennent part. Tout y est : interactivité, reconnaissance mutuelle, empowerment. Quelques rituels peuvent être facilement mis en place, tels que le partage post-formation ou les déjeuners brown bag lunch (BBL).
Certaines entreprises ont même fait de l’apprentissage mutuel un ressort essentiel de leur réussite. Chez BlaBlaCar, l’une des valeurs est « Partager plus. Apprendre plus ». La licorne ajoute : « Nous apprenons et grandissons ensemble, en équipe. Nous développons des connaissances et deviendrons collectivement meilleurs si nous apprenons les uns des autres, d’une équipe à une autre, et si nous partageons l’information ». Le réseau interne Googler to Googler (G2G) de Google fonctionne sur le même principe. Des compétences essentielles, qui vont du langage Python au leadership, se propagent ainsi de manière organique à travers toute l’entreprise.
Aujourd’hui, la pénurie de talents et une économie où la disruption devient la nouvelle norme rendent l’acquisition continue des compétences plus vitale que jamais. Dans ce contexte, la culture d’apprentissage et l’upskilling sont en plein essor. D’ailleurs, le ralentissement actuel induit par la pandémie de Covid-19 n’offre-t-il pas aussi une opportunité de développer les compétences ?
La suite ? Le reskilling. Là où l’upskilling vise à développer ses compétences pour un même travail, le reskilling consiste à acquérir des compétences pour exercer un nouveau métier. Les entreprises apprenantes seront les plus à même de relever le défi grâce à la pratique déjà établie de l’apprentissage continu. CQFD.