Emmanuelle Yigit est une slasheuse ! Facilitatrice inspirée par les approches créatives que sont l’intelligence collective et le design thinking, elle est engagée dans l’innovation sociale. Son souhait est aussi de redonner ses lauriers à nos autres formes d’intelligence. Ces dernières sont liées à la créativité ainsi qu’à l’intuition et au corps. Elle est donc également intervenante en méditation en entreprise, mais aussi en philosophie pour enfants et enseigne la danse swing. Sûrement sa manière à elle de contribuer à un monde plus serein.
1. Remettre du sens au cœur de l’entreprise
Il y a 4 ans, naissait “The Soul Nest”, son entreprise. The Soul Nest a pour but de recréer des espaces de convivialité dans les entreprises et de redonner vie à des bureaux souvent figés. “Il s’agissait d’aller plus loin que le simple aménagement d’espace et de coller réellement aux besoins des salariés ainsi qu’aux différents usages”, nous explique-t-elle. Une autre des ambitions de The Soul Nest est de créer dans ces espaces une programmation inspirante. Pour ce faire Emmanuelle fait appel à des speakers, des artistes ou encore des entrepreneurs qui inventent le monde de demain. En proposant des thématiques liées à la responsabilité sociale, Emmanuelle souhaite remettre du sens au coeur des entreprises. C’est notamment une façon de réveiller l’envie des salariés de s’impliquer sur les sujets de responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Le combo gagnant
S’ensuivent des ateliers, espaces d’expression de l’intelligence collective. Ces moments accordent aux uns et aux autres la possibilité de s’approprier les sujets RSE. Ils peuvent alors les ramener à des projets d’entreprise. Cela passe par des méthodes telles que le Design thinking, le codev, ou l’open innovation. Ces moments ont de multiples bienfaits : plus de créativité, d’engagement, une atmosphère plus conviviale, et une expérience fédératrice. Et c’est d’ailleurs le plus intéressant, cette partie humaine, qui est aujourd’hui très oubliée dans les entreprises bien que ce soit souvent le cœur du problème. A travers un programme qui les sort du quotidien, permet de les décentrer et de replacer les enjeux du monde au sein de l’entreprise. On peut éveiller les consciences sur les sujets RSE et stimuler l’âme créative pour faire éclore les idées des salariés. Il faut créer des environnements qui déconnectent. Libérer des rythmes de la réalité afin d’ouvrir à d’autres perspectives. C’est cela qui aide à faire grandir les équipes et la vision de l’entreprise.
2. Bien-être en entreprise
Ces ateliers peuvent aussi aborder les questions de bien-être en entreprise. Ils laissent place aux vraies questions qui dévoilent les vraies causes de “tension”. Le but est de trouver ensemble des solutions. Le principe de l’intelligence collective étant de dire que la solution est déjà là, en nous. De ce fait qui de mieux que les salariés pour trouver les réponses, versus un consultant extérieur ? Le facilitateur est là pour faciliter ce processus de réflexion. Son rôle n’est pas de faire des recommandations sur un sujet dont il n’est pas expert. Les équipes peuvent ainsi réfléchir ensemble à de nouveaux projets qui leur ressemble. Trouver des façons d’améliorer des processus, ou encore repenser leur manière de travailler ensemble.
Forte de belles réussites avec ce format chez Google, et autre Airbnb, Emmanuelle a eu envie de partir de Paris. Elle a rejoint pour une mission d’un an thecamp. Thecamp est un lieu d’innovation sociale à Aix-en-Provence. C’est aussi un incubateur de projets entrepreneuriaux et éducatifs qui propose des programmes d’innovation. Le but est de créer des projets avec des compétences et des publics qui n’ont pas l’habitude de se croiser. Comme par exemple avec le Lab qui réfléchit à la ville de demain avec les institutions, les villes de la région et les entrepreneurs.
3. Le métier d’Experience Designer
Emmanuelle a travaillé en tant qu’Experience Designer. Elle crée des espaces communs conviviaux où se croise sur les temps de pause, les publics autour d’une programmation inspirante qui touche au bien-être et son savoir-faire. Il faut dire que le lieu s’y prête. Entouré par la pinède, avec terrain de sport et potager en permaculture on y présente aussi des notions de biomimétisme. C’est un endroit où différents écosystèmes se mélangent afin de mieux croiser leurs visions du monde. L’idée est de créer des ponts entre les mondes. Le corporate en quête de sens, celui des entrepreneurs sociaux ainsi que les individus engagés à la recherche de financements. Enfin, les jeunes, qui représentent l’espoir d’un monde meilleur !
Par exemple, des salariés ont été amenés à croiser des adolescents venus faire une semaine de “colo”. Ils se retrouvent autour d’une marche méditative, en silence au coeur de la nature, face au coucher du soleil. S’en sont suivi de beaux échanges entre les participants curieux les uns des autres. Après tout, la biodiversité peut aussi s’appliquer aux tranches d’âges et aux milieux sociaux !
Aujourd’hui, Emmanuelle est facilitatrice indépendante, principalement auprès des entreprises à impact positif. Elle organise par ailleurs des ateliers de réflexion collective, des programmations thématiques ainsi que des séminaires insolites dans la nature. Elle y intègre également ses autres casquettes qui sont la philo, la méditation, le yoga, et la danse. De quoi créer des moments forts pour fédérer une équipe.
Mon entretien prend fin. J’en profite pour moi aussi bénéficier de son expertise et je lui demande “Comment embarque-t-on les leaders au sein de l’entreprise sur les questions de bien-être ?”. Sa réponse est de leur faire expérimenter ce que l’on veut faire vivre aux salariés. Créer des conditions qui les engage dans le processus, et leur permettent ce petit temps de recul et d’humanité qui peut peut-être les convaincre. Une équipe, il faut en prendre soin. Valoriser les talents, se laisser surprendre par les autres et développer la confiance. Mais bien sûr, c’est encore mieux si l’envie et la conviction est déjà là chez ceux qui sont aux manettes !