Comme dans beaucoup de grosses structures, l’organisation de travail, même si elle est en mutation, reste tout de même assez silotée. Dans ce contexte, comment appréhender l’approche DevOps ? Quelle est la marge de manœuvre concrète pour insuffler cette dynamique dans son quotidien professionnel ?
Delivery Manager chez Wemanity, Steve est responsable de la stabilisation des déploiements et de l’amélioration des processus de déploiement au sein d’une filiale d’une grande banque française, centrée sur la gestion du crédit à la consommation. Son champ d’action principal consiste à assurer la disponibilité et la maintenabilité des applications internes, à faire évoluer les outils et les technologies, et à intégrer de nouveaux services.
1. Environnement de travail cloisonné : incompatibilité totale avec le DevOps ?
Steve fait partie des équipes développement. Il nous explique que la partie opérationnelle se fait dans une autre entité, et qu’une troisième entité, en quelque sorte gardienne du temple DevOps, est chargée de définir la stratégie de déploiement. Même si des interconnexions existent entre ces équipes, Steve nous confie que l’environnement de travail est très siloté.
Dans le contexte bien particulier de Steve, l’équipe DevOps laisse peu de place à la construction conjointe de stratégies, au partage des responsabilités et à la prise d’initiative, de la part des équipes développement et opérationnelle.
Pour Steve, le silotage des différentes équipes tient beaucoup au système bancaire en lui-même, lourd d’enjeux de sécurité et tributaire d’une forte réglementation. Même s’il est évident qu’on ne peut s’affranchir de certaines contraintes, Steve est lucide : « ça nous ralentit fortement… ».
Dans ces conditions, réussir à mettre en musique l’essence d’une philosophie DevOps est loin d’être évident. C’est pourtant dans le prisme des possibles…
2. Développer son sens de la rigueur et saisir les opportunités d’automatisation
Parmi les enjeux importants de la mission de Steve, la stabilisation des déploiements fut cruciale. Avant son arrivée, les incidents de déploiement étaient monnaie courante : « Les incidents de livraison étaient courants. À chaque livraison quasiment, il y avait des problématiques qui généraient des indisponibilités de service, et donc des pertes financières ».
Aujourd’hui, la réalité est tout autre puisque le nombre d’incidents de livraison est passé à… zéro.
Préciser que les incidents de livraison correspondent au process de déploiement et non aux incident generer par le code.
Steve nous partage la recette de ce beau succès :
- Aiguiser son sens de la rigueur : notamment par l’ajout de points de contrôle à différents niveaux. Sans tomber dans l’alourdissement des processus, traquer les trous dans la raquette s’est avéré indispensable pour éviter les déphasages entre les environnements pré et post-déploiement.
- Sauter sur les occasions d’automatisation lorsqu’elles se présentent : si pour le moment, un certain nombre de choses ne peuvent pas encore être automatisées, Steve est convaincu que dans un avenir proche, cela sera possible. Sur la partie optimisation du déploiement, il a d’ailleurs automatisé tout ce qui était faisable, notamment grâce à l’utilisation de Jenkins.
3. Favoriser la communication : un des piliers du DevOps
Steve est sur un poste transverse, et a donc un rôle important de coordination auprès d’une soixantaine de personnes, réparties en 3 squads. Chaque squad a son Scrum Master, ses développeurs, ses business analysts.
Pour apporter du liant entre les équipes, Steve mise sur la communication, sans conteste l’une des clés de voûte de la philosophie DevOps :
« Je travaille à apporter une communication plus fluide avec les autres équipes, pour pouvoir collaborer et trouver des solutions en commun, discuter, etc. Mon objectif est de casser les barrières entre les équipes. »
Concrètement, cela se traduit par plusieurs bonnes pratiques :
- Privilégier des points courts et quotidiens : plutôt que des réunions plus espacées dans le temps mais plus longues, Steve préconise des points réguliers de 15 minutes, ou 30 minutes maximum. L’important est de « pouvoir se coordonner au quotidien, ou au niveau hebdomadaire, pour avoir une vision bien transverse de ce que fait chaque équipe et éviter les loupés ».
- Ne pas hésiter à reposer les bases lorsque cela s’avère nécessaire : Steve a rapidement proposé un accompagnement des collaborateurs sur les systèmes de branching sur Git. Il était important de s’appuyer sur les bases pour être sûr que tout le monde partait du même point et « avancer ensemble vers quelque chose de plus propre et de plus stable ».
- S’adapter aux nouvelles contraintes : le télétravail généralisé, et maintenant le retour au bureau progressif, sont des challenges qui ont relevé de l’inédit pour beaucoup. Si Steve ne cache pas avoir connu quelques difficultés en termes de communication au début, il a vite su rebondir et proposer des plannings pertinents pour que les équipes puissent conserver du lien tout au long de ces mois compliqués. Steve nous confie : « une fois que je connaissais bien les personnes, et que j’ai pu m’adapter un peu à leur façon de travailler, les choses se sont faites naturellement ».
4. Adopter un état d’esprit propice à l’émergence d’une culture DevOps
Bien que Steve évolue dans un environnement de travail relativement siloté, il travaille à créer les conditions de l’émergence d’une approche DevOps. La philosophie DevOps est avant tout un état d’esprit, sur lequel on peut se brancher si tant est que l’on s’en donne les moyens.
Steve le prouve par sa capacité à relativiser, à dédramatiser et à positiver. Il se place incontestablement dans une démarche de problem solver : là où l’on pourrait s’arrêter devant une montagne infranchissable, il orientera la cordée vers un sentier indécelable pour ceux qui se sont découragés.
Il nous raconte : « Dès que le Covid a commencé, les déploiements ont été figés pour éviter les risques. Mais petit à petit, ils nous ont laissé prendre confiance et une fois la première livraison faite et que tout s’est bien passé, la dynamique s’est normalisée. » Lorsque l’on évoque la pression autour de ce premier déploiement, stratégique pour la suite du travail à distance, nous nous apercevons qu’il ne s’est nullement laissé gagner par le stress : « il faut se dire qu’on n’envoie pas non plus une fusée sur la Lune. Il faut apprendre à relativiser ! »
Adopter un état d’esprit positif et tenace, et être prêt à échouer si cela peut apporter les réponses pour avancer, font partie des clés pour toucher l’essence de l’approche DevOps.
Même dans une organisation de travail en silos, appliquer des bonnes pratiques DevOps est envisageable, si tant est que l’on embrasse le bon mindset, et que l’on reste à l’écoute des opportunités de mettre en pratique les fondamentaux de cette approche.
Le point sur une implémentation DevOps réussie, dans notre article consacré au sujet !